La conscience et les machines

“La conscience est une opération computationnelle, un calcul, déclare Stanislas Dehaene, neuroscientifique, grand spécialiste de la conscience humaine au centre Neurospin (CEA) et professeur au Collège de France. Nous commençons à progresser dans la connaissance de ce qu’il faudrait ajouter aux machines pour qu’elles deviennent conscientes“. C’est dans un article du dernier opus de Science –numéro spécial consacré aux challenges en neurosciences– que le chercheur français associé à Sid Kouider directeur de recherche au Laboratoire de Sciences Cognitives et Psycholinguistique de l’Ecole Nationale Supérieure de Paris, et Hakwan Lau professeur associé à l’Université de Californie de Los Angeles passent en revue le chemin qu’il reste à parcourir pour donner une ” conscience ” aux systèmes artificiels.

 

“La question controversée de savoir si les machines peuvent être conscientes doit être basée sur un examen attentif de la façon dont la conscience se pose dans le seul système physique qui le possède sans aucun doute : le cerveau humain”, introduisent les auteurs. Ils prennent un exemple simple. “Imaginez, vous conduisez et soudain vous vous rendez compte que le voyant du réservoir de carburant est allumé”, exposent-ils. Qu’est ce qui rend l’humain (un assemblage complexe de neurones) conscient de la lumière? Alors que la voiture (un assemblage sophistiqué de pièces électroniques), demeure non consciente de cette même lumière ? “Que faudrait-il pour que la voiture se dote d’une conscience similaire à la nôtre ?”

 

Pour répondre, les trois chercheurs examinent les éléments de la conscience humaine, qu’ils étudient dans leurs laboratoires respectifs. Entre autre, les expériences menées à Neurospin par l’équipe de Stanislas Dehaene, notamment à l’aide d’images subliminales, ont démontré que notre cerveau fonctionne principalement selon un mode non conscient, baptisé C0. Les actions routinières, les gestes, la reconnaissance des visages, des mots… etc sont réalisés sans avoir recours à la conscience.

 

“On s’aperçoit que la conscience n’est qu’un tout petit aspect du fonctionnement cérébral, souligne Stanislas Dehaene. Il y a énormément de traitements inconscients dans le cerveau. C’est le système qui permet de traiter l’information sur un mode automatique lorsque l’information est familière. Elle est en quelque sorte encapsulée dans un système de traitement automatique”. Selon le chercheur, les systèmes actuels d’intelligence artificielle, comme par exemple les algorithmes développés pour la reconnaissance des images, des sons… etcfonctionnent sur ce mode. “Une large part de ce que développe l’intelligence artificielle, les réseaux de neurones, correspond à ce traitement non conscient.” 

 

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Agence Colmar