Apple frappe fort avec son iPad Pro M5, une mise à jour ciblée qui confirme la position de cette tablette comme le summum de l’ingénierie de la marque à la pomme. Mais cette évolution justifie-t-elle son tarif stratosphérique ?
Une évolution mesurée mais pertinente
Ne vous attendez pas à une révolution. L’iPad Pro M5 reprend l’ADN de son prédécesseur M4 lancé en 2024, avec des améliorations concentrées sur trois axes : le processeur M5, les nouvelles puces réseau Apple (N1 pour le Wi-Fi 7, Bluetooth 6 et Thread, C1X pour la 5G), et enfin la charge rapide qui fait ses débuts sur iPad Pro avec 50% de batterie récupérée en 30 minutes via un adaptateur 60W.
Cette approche incrémentale se comprend aisément. Quand on vend un iPad à plus de 1 000 dollars, il est impératif d’y intégrer les composants les plus performants du moment. Le modèle testé ici (13 pouces, 1 To, 5G) grimpe à 2 099 dollars, auxquels s’ajoutent 349 dollars pour le Magic Keyboard indispensable.

La puce M5 : une bête pour l’IA graphique
C’est le cœur de cette mise à jour. La puce M5 embarque plusieurs nouveautés notables par rapport à la M4 :
Côté GPU, chacun des 10 cœurs intègre désormais un « accélérateur neural », une modification architecturale qui décuple les performances dans les tâches d’IA utilisant le processeur graphique. Les gains sont spectaculaires : les performances graphiques pures progressent de 30%, tandis que le moteur de ray-tracing de troisième génération affiche 45% de vitesse supplémentaire.
Les benchmarks Geekbench AI le confirment. Si les tests CPU et Neural Engine ne montrent que des progressions modestes (moins de 10%), le GPU explose les compteurs : +22,4% en simple précision, +85% en demi-précision, et un ahurissant +101% en mode quantifié par rapport à la M4.
Côté CPU, les quatre cœurs performance et six cœurs efficience gagnent environ 15% en monoprocesseur et 10% en multiprocesseur – une évolution classique pour la gamme M. À noter : les modèles 256 Go et 512 Go ne disposent que de trois cœurs performance et 12 Go de RAM (contre 16 Go sur les versions supérieures).
La bande passante mémoire bondit à 153 Go/s (+30%), et les vitesses de lecture/écriture du stockage doublent par rapport à la génération précédente.

Le verdict ? Sauf si vous malmenez intensivement votre GPU avec des tâches d’IA, la M5 ne changera pas radicalement votre expérience quotidienne par rapport à la M4. Même un iPad Pro M2 de 2022 reste parfaitement fluide pour la majorité des usages. Cette puissance colossale reste du domaine de l’overkill pour l’utilisateur lambda, mais les créatifs et professionnels qui poussent l’appareil dans ses retranchements apprécieront chaque watt de performance supplémentaire.
Un design qui reste une référence
L’iPad Pro M5 reprend trait pour trait le châssis sublime du modèle M4, et c’est une excellente nouvelle. Avec ses 20% d’épaisseur en moins et son quart de livre de poids économisé par rapport aux modèles 2018-2023, cet iPad redéfinit le concept de portabilité premium.
Le modèle 13 pouces devient enfin confortable à tenir d’une main pour des sessions prolongées – un exploit compte tenu de la diagonale. Il surpasse même l’iPad Air en maniabilité grâce à son profil encore plus fin et léger. Seule ombre au tableau : impossible de taper à l’écran en le tenant, le format 11 pouces reste plus adapté pour cet usage.

Cette finesse a un coût : l’autonomie plafonne toujours à 10 heures (navigation web ou vidéo), un chiffre inchangé depuis 2010. Mais la charge rapide compense partialement ce compromis : de 23% à 70% en 35 minutes avec le nouveau chargeur dynamique 40W/60W d’Apple.
Quant à la durabilité, les craintes initiales sur la fragilité de ce design ultra-fin se sont révélées infondées après 18 mois d’utilisation intensive du modèle M4, même en déplacement avec une simple Smart Folio.
L’écran : toujours hors-catégorie
Rien n’a changé, et c’est parfait ainsi. L’écran OLED tandem (deux panneaux superposés) du 13 pouces affiche 2 752 x 2 064 pixels (264 ppi), 1 000 nits en luminosité standard, 1 600 nits en pic HDR, ProMotion 120 Hz, et propose une option verre nano-texturé sur les modèles 1 To et 2 To.
Le résultat ? Tout simplement le meilleur écran jamais vu sur un appareil portable. Noirs parfaits, contraste époustouflant, fluidité cristalline, luminosité éblouissante – l’iPad Air ne fait simplement pas le poids. Les créatifs y trouveront un outil de travail exceptionnel, mais même pour regarder un film en avion, la différence saute aux yeux.

iPadOS 26 : enfin à la hauteur
C’est peut-être la vraie révolution de cet iPad Pro M5. Après des années de frustration, Apple a enfin lâché du lest et répondu aux doléances des utilisateurs avec iPadOS 26.
Le nouveau multitâche change la donne. Les applications s’ouvrent toujours en plein écran, mais vous pouvez désormais les redimensionner librement en saisissant un coin, les empiler comme sur macOS, et le système mémorise leur position. Les contrôles de fenêtre familiers du Mac (« feux tricolores ») font leur apparition, tout comme Exposé (glisser vers le haut depuis le bas) pour visualiser toutes les fenêtres ouvertes.
L’application Fichiers devient enfin adulte, avec un glisser-déposer amélioré, de meilleurs outils de tri, et l’ouverture des PDF dans la nouvelle app Aperçu plutôt que dans Fichiers.
Les tâches en arrière-plan sont enfin supportées correctement. Final Cut Pro peut désormais effectuer ses rendus vidéo pendant que vous travaillez sur autre chose, et cette API est accessible aux développeurs tiers.
iPadOS 26 ne transforme pas l’iPad en Mac, mais il s’en rapproche au point que beaucoup de workflows deviennent enfin viables. L’iPad Pro n’est toujours pas pour tout le monde – un ordinateur portable traditionnel restera le choix logique pour de nombreux utilisateurs – mais le fossé se réduit considérablement.

Verdict : l’excellence a un prix
L’iPad Pro M5 13 pouces reste un produit fascinant et unique. Il combine la puce la plus récente d’Apple, le meilleur écran jamais créé par la marque (hors Pro Display XDR à 5 000 dollars), et un design qui défie les lois de la physique. Avec iPadOS 26 et la puce M5, il atteint un nouveau sommet de performances et d’utilisabilité.
Mais le prix reste un obstacle majeur. 1 299 dollars pour le modèle de base 256 Go sans 5G ni Magic Keyboard, c’est considérable. Même si cette machine peut servir trois à cinq ans sans broncher, il faut être certain de l’utiliser comme ordinateur principal – quotidiennement, intensivement – et connaître précisément les avantages qu’elle apporte par rapport à un ordinateur portable classique.
Pour qui ? Les créatifs professionnels, les power users qui exploitent la puissance GPU pour l’IA, ceux qui possèdent un modèle pré-M4 et veulent franchir le pas.
Pour qui pas ? Les possesseurs d’iPad Pro M4 (upgrade injustifié), et surtout tous ceux qui ne nécessitent pas cette puissance extrême – un iPad Air fera parfaitement l’affaire pour quelques centaines de dollars de moins.
L’iPad Pro M5 est une merveille technologique, mais une merveille réservée à ceux qui sauront en exploiter tout le potentiel.
Note : 85/100



